5 indicateurs RSE stratégiques que tout directeur doit piloter
23 oct. 2025

La Responsabilité Sociétale des Entreprises (RSE) est désormais un enjeu stratégique pour toutes les organisations, y compris les PME et ETI. Que ce soit sous la pression des nouvelles réglementations ou des attentes des parties prenantes (clients, investisseurs, collaborateurs), les dirigeants sont incités à intégrer le développement durable au cœur de leur stratégie. Cependant, la crédibilité de ces engagements repose sur la capacité des entreprises à mesurer concrètement leurs actions et leurs impacts. C’est là qu’interviennent les indicateurs clés de performance RSE (ou KPI ESG). Ils permettent de piloter la démarche, de l’ajuster en continu et de valoriser les résultats obtenus de manière objective. Piloter sa performance extra-financière n’est d’ailleurs plus réservé aux grands groupes : de nombreuses PME se mettent aussi en ordre de marche pour améliorer leur impact, souvent sous l’impulsion de leurs clients ou partenaires.
Dans cet article, nous présentons 5 indicateurs RSE incontournables que tout directeur d’entreprise (notamment en PME/ETI) devrait suivre de près. Chacun de ces indicateurs couvre un aspect crucial – environnemental, social ou sociétal – de la performance durable de l’entreprise. Ils ont été choisis pour leur impact stratégique et la facilité avec laquelle on peut les renseigner à partir des données existantes (comptabilité, ressources humaines, etc.), grâce aux outils numériques et à l’IA. L’objectif n’est pas seulement de mesurer pour mesurer, mais bien de s’en servir comme leviers d’action : ces KPI aident à orienter les décisions, à mobiliser les équipes en interne, et à communiquer vos progrès de manière crédible auprès de vos parties prenantes.
1. Taux de rotation du personnel (turnover)
Le turnover des employés – c’est-à-dire le renouvellement des effectifs sur une période donnée – est un excellent baromètre de la santé sociale de l’entreprise. Un taux de rotation élevé peut révéler des problèmes de climat de travail, d’engagement des collaborateurs ou d’attractivité de l’entreprise (salaires, conditions de travail, perspectives de carrière...). À l’inverse, une bonne rétention du personnel signifie que l’entreprise sait fidéliser ses talents, ce qui est un facteur de performance sur le long terme. C’est pourquoi le taux de rotation du personnel fait partie des indicateurs RSE les plus fréquemment suivis par les entreprises engagées.
Comment le piloter ? Calculez ce taux chaque année (ou chaque trimestre) en rapportant le nombre de départs sur la période à l’effectif total moyen. Par exemple, un turnover de 10% signifie que sur 100 salariés, 10 ont quitté l’entreprise durant l’année. Il est important d’analyser les causes des départs (entretiens de sortie, etc.) afin d’identifier les axes d’amélioration : plan de formation, meilleures perspectives d’évolution, amélioration des conditions de travail, etc. Là encore, vos données internes peuvent être exploitées : les fichiers de Déclaration Sociale Nominative (DSN) contiennent les entrées/sorties de salariés, et des outils analytiques peuvent en tirer automatiquement le taux de rotation. L’objectif pour un directeur RSE est de suivre l’évolution de ce taux et de travailler avec la direction des ressources humaines pour le réduire si possible, en valorisant par exemple la qualité de vie au travail. Un turnover maîtrisé est souvent le signe d’une entreprise où « il fait bon travailler », ce qui contribue à sa responsabilité sociétale.
2. Parité et égalité professionnelle (indice mixité et écart de rémunération)
Favoriser la diversité et l’inclusion fait partie intégrante de la responsabilité sociétale. Un indicateur stratégique pour piloter cet aspect est l’égalité professionnelle femmes-hommes, que l’on peut mesurer de plusieurs façons. Deux mesures complémentaires sont souvent utilisées : le taux de parité (par exemple, le pourcentage de femmes occupant des postes à responsabilités) et l’écart de rémunération entre les genres à poste et expérience équivalents. Ces indicateurs reflètent l’engagement de l’entreprise en matière d’égalité des chances et d’équité. Au-delà des considérations éthiques, de nombreuses études montrent qu’une plus grande diversité au sein des équipes de direction améliore la performance économique de l’entreprise (jusqu’à +15% de rentabilité supplémentaire). Par ailleurs, en France, les entreprises de plus de 50 salariés ont l’obligation légale de publier un Index d’égalité professionnelle, ce qui pousse l’ensemble du tissu économique vers davantage de transparence sur ce sujet.
Comment le piloter ? Suivre la parité peut être aussi simple que de dénombrer les collaborateurs par genre à différents niveaux (ensemble de l’effectif, management, comité de direction...). Quant à l’égalité salariale, elle se calcule en comparant les rémunérations moyennes des femmes et des hommes, à catégorie comparable. Un écart positif en défaveur des femmes déclenche en général un plan d’action correctif. Ces calculs peuvent être automatisés à partir des données de paie (heures et salaires dans la DSN), ce qui donne à chaque cycle RH (annuel, semestriel) une photographie objective de la situation. Le rôle du directeur RSE est d’analyser ces résultats et de promouvoir des mesures concrètes (mentorat au féminin, sensibilisation des managers, transparence salariale, etc.) pour tendre vers l’égalité. Atteindre la parité et éliminer les écarts injustifiés prend du temps, mais c’est un indicateur dont l’amélioration témoigne d’une culture d’entreprise inclusive et moderne – un atout pour attirer les talents et renforcer la cohésion interne.
3. Empreinte carbone de l’entreprise (émissions de GES)
L’empreinte carbone – généralement exprimée en tonnes d’équivalent CO₂ – est sans doute l’indicateur environnemental le plus stratégique à suivre aujourd’hui. Il mesure la quantité de gaz à effet de serre (GES) émise directement et indirectement par l’entreprise (énergie consommée, déplacements, achats, etc.). Dans le contexte de l’urgence climatique et de la transition bas-carbone, réduire son bilan carbone est devenu une priorité pour rester compétitif et crédible aux yeux du marché. Comme le souligne un expert, « l’empreinte carbone devient un indicateur stratégique au même titre que les coûts ou les marges ». De plus, la réglementation se durcit pour les plus grandes entreprises (directive CSRD, bilan GES obligatoire, etc.), et ces exigences se répercutent progressivement sur l’ensemble de la chaîne de valeur, impliquant aussi les PME.
Comment le piloter ? Commencez par mesurer vos émissions de GES chaque année (voire trimestre) en suivant le protocole GHG (scopes 1, 2 et 3). Des données comptables simples peuvent servir de base : par exemple, la consommation d’électricité (factures), les dépenses de carburant ou de déplacements professionnels (comptes comptables dédiés) peuvent être converties en CO₂ avec des facteurs d’émission. Une première estimation, même approximative, permet déjà d’identifier les principaux « postes » émetteurs et de définir des actions de réduction (optimisation énergétique, mobilité durable, etc.).
Aujourd’hui, il existe des solutions logicielles capables d’analyser automatiquement vos données existantes pour calculer votre empreinte carbone sans effort manuel. En suivant cet indicateur, vous pourrez fixer des objectifs de baisse (par exemple : -30% d’émissions d’ici 5 ans) et vérifier que votre trajectoire est compatible avec les engagements climatiques.
4. Taux d’absentéisme des collaborateurs
Le taux d’absentéisme – c’est-à-dire la proportion de jours non travaillés (hors congés) pour cause de maladie, d’accident ou d’absence injustifiée – est un indicateur souvent sous-estimé, alors qu’il traduit fortement la qualité du climat social et le bien-être des employés. Un niveau d’absentéisme anormalement élevé peut révéler un stress important, des conditions de travail dégradées ou un désengagement du personnel. À l’inverse, un absentéisme faible reflète généralement une bonne santé au travail et une motivation des équipes. Les experts considèrent ainsi le taux d’absences comme un indicateur d’aide au pilotage de la RSE, contribuant à évaluer la qualité du climat social dans l’entreprise. De plus, l’absentéisme a un coût direct (salaires maintenus, intérim, désorganisation) qui pèse sur la performance globale.
Comment le piloter ? La formule classique consiste à rapporter le nombre de jours d’absence sur une période au nombre total de jours théoriquement travaillés. Ce calcul peut être affiné par catégorie (absences pour maladie, accidents du travail, absences non justifiées, etc.) afin d’en cibler les causes. Un directeur RSE, en collaboration avec les RH et la médecine du travail, aura intérêt à suivre cet indicateur de près. Les données sont souvent disponibles via la paie ou les systèmes RH, et là encore des solutions analytiques peuvent fournir automatiquement le taux d’absentéisme et son évolution. En cas de dérive à la hausse, il convient d’investiguer et de mettre en place des plans d’action : prévention des risques psychosociaux, aménagement des postes, programmes de bien-être (sport, télétravail, flexibilité) pour réduire la fatigue, etc. L’absentéisme étant un indicateur très parlant pour le management, communiquer régulièrement dessus (par exemple en incluant ce KPI dans un tableau de bord trimestriel) aide à sensibiliser tous les responsables à l’importance d’un bon climat social.
5. Partage de la création de valeur (répartition des richesses)
L’orientation RSE d’une entreprise ne se mesure pas qu’à ses performances environnementales ou sociales internes, mais aussi à la manière dont elle redistribue la valeur qu’elle crée. Le partage de la création de valeur est ainsi un indicateur stratégique qui regarde la part des richesses de l’entreprise redistribuée à ses parties prenantes – notamment ses salariés et la collectivité – par rapport à ce que captent les actionnaires. En d’autres termes, sur le bénéfice généré, quelle fraction est reversée aux employés (intéressement, participation, primes), quelle part va à l’État (impôts sur les sociétés), et quelle part revient aux investisseurs (dividendes) ? Cet indicateur de gouvernance et de justice sociale gagne en importance avec les nouvelles attentes sociétales. D’ailleurs, la France a récemment adopté une loi pour encourager un meilleur partage de la valeur : dès 2025, les PME de 11 à 49 salariés devront mettre en place un dispositif de partage (intéressement, participation ou prime) si elles réalisent des bénéfices significatifs. La tendance est donc à renforcer l’association des salariés aux performances de l’entreprise.
Comment le piloter ? Le partage de la valeur se mesure en analysant la répartition du résultat net. Concrètement, on peut calculer le pourcentage du résultat avant impôt qui est redistribué aux salariés (via l’intéressement ou participation) et en impôts, comparé à la part allouée aux actionnaires ou conservée en réserves. Un ratio équilibré (ou en progression au bénéfice des salariés) est le signe d’une entreprise qui fait profiter ses collaborateurs et la société de sa réussite, au-delà des minima légaux. Ce calcul est réalisable automatiquement à partir du fichier FEC, en identifiant les montants versés en dividendes, en intéressement et en impôts sur les bénéfices. Pour un directeur RSE, suivre cet indicateur permet de dialoguer avec la direction financière et les actionnaires sur la politique de partage (par exemple, augmenter progressivement la part des profits redistribuée aux employés). C’est un levier puissant d’engagement : les salariés qui se sentent justement associés aux résultats de l’entreprise auront tendance à être plus motivés et loyaux. En communiquant sur cet indicateur en interne, on renforce la confiance et le sentiment d’équité, ce qui nourrit là encore la performance durable de l’organisation.
Piloter ces indicateurs grâce à l’IA et à l’engagement des équipes
Mesurer et suivre ces cinq indicateurs clés ne doit pas être perçu comme une contrainte supplémentaire, mais au contraire comme un facilitateur de votre démarche RSE. D’une part, les données nécessaires existent déjà en grande partie dans votre entreprise (comptabilité, ressources humaines, etc.) et peuvent être exploitées de façon automatisée. Par exemple, il est désormais possible d’analyser instantanément un fichier d’écritures comptables ou un export RH pour extraire automatiquement des dizaines d’indicateurs ESG. Des solutions innovantes comme Intersektion utilisent l’IA pour accélérer ce processus et fournir un tableau de bord RSE clair sans mobiliser des heures de travail manuel. Vous pouvez ainsi obtenir un suivi mensuel et annuel de l’évolution de vos indicateurs, visualiser votre trajectoire, et même générer en un clic des rapports complets prêts à être partagés intersektion.fr.
D’autre part, le pilotage efficace de ces indicateurs implique d’embarquer vos collaborateurs dans l’aventure. Chaque indicateur peut être confié à un référent ou une équipe : par exemple, le responsable environnement pilotera l’empreinte carbone, la direction des RH suivra les indicateurs sociaux (turnover, absentéisme, parité), et la direction financière contribuera au suivi du partage de la valeur. En assignant clairement les responsabilités, vous infusez la RSE dans tous les départements de l’entreprise. Chacun se sent concerné et peut agir à son niveau pour améliorer les résultats. Vous pouvez organiser des points réguliers (ex : trimestriels) où chaque responsable présente l’avancement de son indicateur RSE et les actions entreprises. Ce mode de gouvernance participative crée une émulation positive et ancre la RSE dans la culture d’entreprise.
Enfin, sachez que ces indicateurs ne vivent pas en vase clos : ils peuvent être reliés aux grands référentiels externes pour donner plus de sens et de cohérence à votre reporting. Par exemple, l’empreinte carbone et l’absentéisme font écho aux objectifs de l’ONU (ODD) et aux lignes directrices de l’ISO 26000 ; l’égalité professionnelle s’inscrit dans le cadre de l’ISO 45001 (santé-sécurité) ou de labels diversité, etc. Grâce à des plateformes RSE modernes, il est possible de rattacher chaque indicateur aux normes ou standards pertinents (ISO, Global Reporting Initiative, ODD…) afin de structurer vos rapports et éventuellement préparer des certifications. Vous pourrez ainsi télécharger automatiquement des rapports RSE complets où vos indicateurs clés sont mis en regard des exigences de ces référentiels – un gain de temps non négligeable pour répondre aux appels d’offres ou obligations réglementaires.
Conclusion
Ces cinq indicateurs RSE constituent un noyau stratégique pour toute entreprise souhaitant structurer et valoriser sa démarche de développement durable. Ils offrent une vision équilibrée de votre performance extra-financière, couvrant les piliers essentiels (environnement, social, sociétal/gouvernance). En les pilotant attentivement, vous pourrez non seulement mesurer vos progrès, mais aussi orienter vos décisions et impliquer l’ensemble de vos collaborateurs dans un projet commun porteur de sens. Et avec les bons outils numériques pour automatiser la collecte des données et le reporting, même une PME sans service RSE dédié peut désormais se doter d’un pilotage ESG professionnel. Il ne reste plus qu’à passer à l’action : pourquoi ne pas débuter dès à présent en évaluant où se situe votre entreprise sur ces cinq indicateurs, et en envisageant les pistes d’amélioration ? C’est un premier pas concret pour inscrire la RSE au cœur de votre stratégie – un investissement qui renforcera à la fois la résilience de votre organisation et sa création de valeur durable.